"Alberto Magnelli. Pionnier de l'abstraction"
24.07.2013 Musée des Beaux-arts La Chaux-de-Fonds, exposition jusqu'au 20 octobre 2013
L'exposition "Alberto Magnelli. Pionnier
de l'abstraction" vous invite à découvrir l'œuvre prolifique de cet artiste
singulier du XXe siècle. Détectant ses aspirations artistiques auprès des
futuristes italiens, c'est au contact de l'avant-garde parisienne qu'il
déploie, dès 1911, une œuvre marquante et originale. Acolyte de Guillaume
Apollinaire, Pablo Picasso, Fernand Léger ou encore Henri Matisse, Alberto
Magnelli occupe alors une place significative sur la scène culturelle
parisienne aux heures du cubisme et de l'essor de l'abstraction.
Entre nouvelle figuration et réalisme imaginaire, Magnelli étonne par la force
et la liberté plastique de ses œuvres, tout en restant en prise avec les enjeux
esthétiques de son temps.
Inédite, l'exposition "Alberto Magnelli. Pionnier de l'abstraction" vous révèle
une sélection originale de toiles et d'œuvres graphiques d'un artiste fécond et
novateur de l'art moderne.
VIE DE L'ARTISTE: DE FLORENCE À PARIS
Alberto Magnelli (1888-1971) naît à Florence, - la plus belle ville du monde
après Paris disait-il volontiers - dans une famille de commerçants aisés. Sa
vie durant, il restera attaché à ses origines, demandant que ne figure sur sa
tombe que la mention : pittore fiorentino. Rien ne le destinait a priori à la
peinture et c'est lors de vacances dans l'Apennin toscan, en 1907, qu'il
réalise sa première œuvre grâce à un ami peintre et antiquaire qui l'invite à utiliser
ses pinceaux et ses couleurs. Sans aucune expérience préalable, il entreprend
de peindre le paysage environnant et découvre la force des couleurs pures,
sortant du tube. Ce tableau marque le début d'une longue carrière. Il dira plus
tard qu'il a senti naître en lui la nécessité de savoir dessiner, savoir créer
à travers la forme ce que je voulais dire.
Le livre d'Apollinaire - Les peintres cubistes - et les premières
manifestations futuristes à Florence en 1913, lui font découvrir l'art vivant.
L'année suivante, lors d'un séjour de plusieurs mois à Paris, il se lie
d'amitié avec Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso, Fernand Léger,
Alexander Archipenko, Juan Gris, et visite l'atelier d'Henri Matisse. Face à
ces multiples approches, il développe alors une forme de figuration elliptique
à base de grands aplats de couleurs qui, dès 1915, donnera naissance à une
première série d'abstractions qui en font l'un des inventeurs de cette nouvelle
forme d'art et le premier peintre abstrait italien.
Pour lui, comme pour la plupart des peintres de l'époque à la suite de Picasso
et Derain, la fin de la première guerre mondiale marque le temps du retour à
l'ordre et à la figuration. Installé à Paris en 1932 pour échapper à la montée
du fascisme, il amorce, au début des années 30, la période des Pierres éclatées
qui dès 1935 évoluera vers l'abstraction rigoureusement rythmée et colorée
qu'il pratiquera jusqu'à sa mort en 1971.
Sa rétrospective en 1947 à la Galerie Drouin fait de lui la figure de référence
pour les jeunes abstraits français et italiens tels Vasarely, Dewasne ou De
Staël, mais également Dorazio, Munari, Perilli ... Refusant tout autant la
sécheresse de la géométrie que l'écriture informelle, l'abstraction de Magnelli
combine la maîtrise de l'intelligence et l'instinct poétique. Il note
d'ailleurs : pour élever l'humanité par les moyens de l'art, il ne faut pas
chercher le vérisme, le naturalisme ou quelque matérialisme formel mais au
contraire atteindre l'essentiel des forces poétiques qui sont dans la nature de
l'homme.
Pionnier de l'abstraction, au coeur de l'avant-garde artistique européenne du
début du 20ème siècle, Magnelli ne fait pas pour autant table rase du passé
mais s'inscrit dans la ligne des maîtres florentins qu'il a admiré depuis son
enfance: Giotto, Masaccio, Piero della Francesca ... C'est de ceux-ci qu'il
tient cette écriture de bronze que célébrait Jean Cassou dans le catalogue de
sa rétrospective à Paris en 1968. Largement ouverte aux tableaux des
collections privées belges et suisses, l'exposition Alberto Magnelli. Pionnier
de l'abstraction - qui a également été présentée en Belgique au Musée
d'Ixelles de Bruxelles - révèle la richesse de l'oeuvre d'un créateur exigeant
qui s'est renouvelé tout au long de sa vie artistique.
Commissaire de l'exposition:
Daniel Abadie
Daniel Abadie a réalisé quelques-unes des plus fameuses expositions du Centre Pompidou (notamment Paris-New-York, 1977; Dali, 1979; Jackson Pollock, 1982; Les Années 50, 1982) avant de diriger de 1994 à 2004 la Galerie nationale du Jeu de Paume, où il a organisé entre autres les rétrospectives de Tapiès (1994), César (1997), Arman (1998), Alechinsky, (1998), Magritte (2002) et Zao Wou-ki (2003). Depuis 1971, en France et à travers le monde, il a consacré plusieurs expositions à Magnelli, dont il prépare actuellement le Catalogue raisonné des peintures. Auteur de nombreux ouvrages sur l'art moderne et les artistes contemporains, il a parallèlement toujours enseigné, notamment à Paris-Sorbonne et à l'Université libre de Bruxelles.
mba
Contact:
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